Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas regardé un bon film 🙂
24 Hour Party People (ou 24HPP) est un film britannique réalisé par Michael Winterbottom et nominé au Festival de Cannes en 2002. Le film emprunte son titre à une chanson des Happy Mondays, un groupe au centre du sujet du film. 🙂
C’est quoi ?
24HPP est une semi-fiction sur l’univers déjanté (et défoncé !) du Manchester du début des années 70 aux années 90 à travers les yeux de Tony Wilson, à la base présentateur de télévision un peu fou qui considère qu’on ne le prend pas suffisamment au sérieux, et qui décide, après avoir assisté au tout premier concert des Sex Pistols, de surfer sur la vague du cool en montant le label Factory Records, qui produira par la suite tous les plus grands noms de la musique de Manchester, puis de prendre le contrôle d’importantes boîtes de nuit (dans le film il est surtout question de la Haçienda) pour promouvoir la musique de ses artistes et leur donner un lieu d’expression.
“ When forced to pick between truth and legend, print the legend ”
Je parle de « semi-fiction » car, comme la grande majorité des films de ce type (dont le dernier exemple en date doit être « Straight Outta Compton »), les auteurs n’ont pas vraiment choisi la voie de l’exactitude historique pour leur récit: si certaines scènes relatent des faits réels, beaucoup ne se basent que sur des rumeurs ou sont complètement inventées. S’il s’agit donc d’un film intéressant sur le milieu, on ne peut pas vraiment s’appuyer dessus pour parler de la véracité historique de « comment ça se passait vraiment ».
Néanmoins, afin d’améliorer la reconstitution de certains événements s’étant bel et bien produits (lorsque Tony Wilson a une révélation en voyant le premier concert des Sex Pistols au Lesser Free Trade Hall de Manchester, par exemple), le réalisateur a incrusté des images d’archives au milieu des scènes du film, ce qui outre la différence de qualité d’image passe plutôt bien.
“This is not a film about me. I am not prince Hamlet. I am a minor character in my own story. This is a film about the music and the people who made the music.”
Du point de vue narratif, le film a une approche assez originale pour ce genre, d’abord car au lieu de se focaliser sur un groupe en particulier, il se focalise sur une époque entière (du début des années 70 au milieu des années 90 environ), un genre musical un peu à part (le post-punk anglais et l’émergence de la new wave) et traite donc le sujet de nombreux groupes qui ont émergé à cette époque, en particulier ceux de Factory Records: Joy Division, New Order, Happy Mondays, A Certain Ratio, The Durutti Column… dont Manchester a longtemps été le fer de lance.
Ensuite, 24HPP se sert du procédé narratif de briser le quatrième mur, ce qui est assez rare pour ce genre de films. En effet, le personnage principal, joué par Steve Coogan, est tout à fait au courant qu’il s’agit d’un film, qu’il n’est pas le vrai Tony Wilson et que tous les personnages sont des acteurs. Ce qui crée à plusieurs reprises un ressort comique, le film jouant beaucoup sur le fait que beaucoup des vraies personnalités incarnées par les personnages du film (pour la plupart des associés de Factory Records) font des petits caméos à droite à gauche.
L’ambiance du film est globalement tragicomique, mais j’ai trouvé le mélange tragédie / comédie particulièrement bien dosé, les scènes relatant la vie parfois dramatique des personnages étant souvent entrecoupées de scènes un peu grotesques mettant en scène Tony Wilson dans des reportages alimentaires, complètement ridicules (comme découvrir la vie d’un éleveur de moutons qui utilise un canard de garde…).
« Wilson, ya fucking cunt! »
Du côté des acteurs, c’est la première fois que je voyais Steve Coogan jouer, mais j’ai été assez emballé par son interprétation complètement grandiloquente et mégalo de Tony Wilson, qui m’a semblé assez juste pour représenter un homme ayant monté un label et dirigé des boîtes de nuit dans le seul but de renverser les codes de la musique populaire de l’époque (ce qui comportait un rôle sociologique énorme: Internet n’existait pas et c’était l’âge d’or des grandes maisons de disque et des radios !).
Une performance largement saluée est également celle de Sean Harris, qui joue Ian Curtis, le chanteur de Joy Division, dans la première moitié du film. J’avoue ne pas avoir été entièrement convaincu, mais il faut admettre que Curtis était un personnage vraiment difficile à cerner, sans doute encore plus à incarner. Bref, autant dire que l’acteur s’en sort plutôt bien.
J’ai été par ailleurs surpris en allant consulter le casting qu’il y figurait certains acteurs célèbres que je n’ai absolument pas reconnu dans le film, comme Andy Serkis ou Simon Pegg.
Enfin, à tous les fans de Doctor Who, sachez que deux acteurs de la nouvelle série, John Simm et Christopher Eccleston, se cachent dans le film ! L’un est facile à trouver, l’autre beaucoup moins 🙂
Côté bande-son, elle comporte tout naturellement beaucoup de musique des principaux groupes mis en scène, à savoir Joy Division, New Order et Happy Mondays, mais on y entend bien d’autres musiques d’époque, comme les Sex Pistols, The Clash, Buzzcocks, le Moby des débuts, Iggy Pop. Une bande-son globalement de très bonne qualité, même si c’est là essentiellement une question de goûts.
Conclusion
J’essaierai d’être bref : ce film est fait pour vous…
- Si vous êtes fan de groupes comme Joy Division, New Order ou Happy Mondays
- Si vous aimez les films à l’ambiance et l’imagerie un peu « sex, drugs and rock’n’roll » comme Trainspotting ou Las Vegas Parano
- Si vous aimez les films qui parlent de groupes de musique.
Alors autant dire qu’en tant que grand fan de New Order et amateur de ce genre de films, j’ai juste adoré ! 🙂
Et puis, même si vous n’y connaissez vraiment rien, dites-vous que le film a tout de même été nominé à Cannes 2002. Et peut-être que vous découvrirez dans la bande-son votre prochain groupe préféré ? 😉