Québec – Les cours de la première session

Aujourd’hui, un premier retour sur le système de cours de l’Université Laval, comment Epitech se place dans tout ça, et mes impressions sur les cours que j’ai suivi pendant cette première session d’Automne 2013 !

Contents

Epitech et le double diplôme

Un des intérêts de l’Université Laval est qu’elle propose aux étudiants d’Epitech de délivrer un certificat sur mesure en technologies de l’information de Laval en fin d’année si nos résultats ont été satisfaisants. Tout en sachant que les objectifs de Laval (pour obtenir ce certificat) ne sont pas les mêmes que ceux d’Epitech (pour valider la quatrième année).

Heureusement, le système est plutôt simple.

Comment qu’ça marche

Epitech couvre les droits de scolarité pour cinq cours par session (soit dix dans l’année). À Laval, chaque cours compte pour 3 crédits locaux (donc pas ECTS comme en France). Ce qui nous fait un total de 15 crédits locaux par session, si vous suivez bien et que vous n’avez échoué à aucun cours (ici, les notes sont « à l’américaine », de la plus haute A+ à la moins bonne D- et E quand on échoue carrément).

Pour valider la quatrième année, Epitech demande à ce qu’on valide au moins huit cours locaux tout au long de l’année, soit obtenir au moins 24 crédits locaux.

En revanche, l’obtention du certificat de Laval requiert 30 crédits locaux et une moyenne sur les deux sessions (automne et hiver) d’au moins C. Autrement dit, oui, c’est plus exigeant que Epitech et il faut donc faire un sans-faute: valider tous ses cours de l’année, en en ayant pris cinq par session (le maximum), et en plus avoir une moyenne correcte.

D’où l’importance de bien choisir ses cours, pour ne pas rester bêtement dans un cours qu’on ne trouve pas intéressant et où on a un trop grand risque d’échouer. Partant de là, plusieurs « stratégies crédits » s’offrent à vous: jouer la sécurité (et peut-être le certificat) en prenant cinq cours aux deux sessions, laisser tomber le certificat Laval et se prendre quatre cours par session juste pour valider l’année Epitech (mais attention: dans ce cas de figure, un échec et tout est perdu)… Les possibilités sont nombreuses.

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Le schéma explicatif qui explique vachement bien

C’est donc un peu à l’appréciation et à ce que vous voulez faire pendant votre année. Bien que la majorité des cours soient à distance (attention petite subtilité : Laval exigera quand même que vous preniez au moins un ou deux cours se déroulant en classe, j’ai un doute sur le nombre) et accessibles « en différé » (regardez le cours au moment que vous voulez), la charge de travail peut être assez importante (surtout certaines semaines, en fait) et si l’emploi du temps donne un peu l’illusion d’être vide, c’est parce qu’il y a beaucoup de travail personnel à faire de son côté.

Donc si vous voulez passer vos weekends à faire la fête sur le campus, sortir tous les soirs, bref passer votre temps dehors: à mon avis mieux vaut ne pas viser le certificat Laval, ne prendre que quatre cours par session pour ne pas avoir un emploi du temps trop chargé, et s’assurer de travailler un minimum. Sans viser le certificat, vous n’avez même pas la contrainte de la note minimale à obtenir, vous pouvez vous permettre des mauvaises notes, tant que vous validez.

On the other hand, passer une année dans une université « normale » en venant d’Epitech est l’occasion de découvrir énormément de trucs, surtout l’aspect « théorique » de l’informatique (un peu la partie immergée de l’iceberg dont on voit la pointe à Epitech), tout en revenant ou en approfondissant parfois sur des choses qu’on a déjà faites. Il y a vraiment beaucoup de domaines peu ou pas du tout étudiés à Epitech proposés par Laval, passer une année à travailler pour diversifier un peu ses connaissances peut aussi être un bon choix.

C’est vous qui voyez.

À noter qu’apparemment pour cette année, un nouvel arrangement a été conclu: il est maintenant possible de rétro-valider un cours de Laval.

La rétro-validation du C++

Je m’explique: Epitech ayant placé ses exigences à huit cours de l’université, Laval a fait un geste en nous proposant de rétro-valider un cours qui ne nous est pas proposé à la base (sans l’avoir suivi donc, en résumé : 3 crédits « gratos ») pour nous donner une possibilité d’alléger un peu notre choix de cours. Deux conditions à ça:

  • s’inscrire au cours Algorithmes et structures de données et le réussir avec une note de C au moins (environ 70% de note globale au cours)
  • obtenir une moyenne de session d’automne de C au moins, calculée sur 4 cours au moins (étant donné que les cours abandonnés ne comptent pas dans la moyenne).

Notons que la moyenne minimale de C est requise pour obtenir le diplôme de toute façon, même si 30 crédits de cours sont acquis.

Ce qui nous donne encore plus de flexibilité en terme de stratégie crédit ! Ainsi par exemple, en réussissant ses 5 cours de la session d’Automne, comprenant Algorithmes et Structures de données (avec au moins C, pour celui-ci) et avec une moyenne globale d’au moins C, un étudiant peut valider jusqu’à six cours sur sa première session ! Et donc n’avoir à viser que quatre cours à la seconde pour obtenir le certificat (et seulement deux pour valider Epitech !) !

En résumé, un deal qui donne à réfléchir…

 

Le feedback

Enfin, après ce gros pavé sur le double diplôme, parlons des cours en eux-mêmes ! Naturellement, je ne pourrai commenter que ceux auxquels j’ai assisté…

Algorithmes et structures de données

La fameuse matière permettant de valider un cours gratos ! Un cours en soi assez peu intéressant, vu que dans cette matière, rares sont les notions inconnues à un élève Epitech en début de quatrième année. Je dirais que son principal intérêt est de rétro-valider la première année de C++ locale, à la rigueur avoir un cours « cool » où il n’y a pas besoin de se fouler. Il faut bien avoir en tête que les élèves apprennent, à Laval, de manière beaucoup plus diffuse (le système des facs normales). Aussi, c’est pourquoi par exemple, alors qu’il s’agit de leur deuxième année de C++, les élèves locaux n’abordent la programmation de structures template « que » à partir de cette matière. Autant dire qu’en venant d’Epitech, tout vous semblera facile !

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Un Epitech en cours d’Algos et structures… Hé ! Non ! Arrêtez c’était pour rire !

En résumé, les grands thèmes abordés sont : les conteneurs génériques (piles et files, ou stack et queue en anglais), les graphes et leur algorithmique (les trucs classiques comme Dijkstra), les arbres binaires (et plus particulièrement les arbres AVL), les techniques de hashage, et les algorithmes de tri (tri à bulle, quicksort…).

Assurément un des cours de cette session d’automne où on code le plus. Si vous voulez être sûr de coder un peu pendant votre année, c’est une bonne option. Toutes les applications demandées sont à coder en C++, le cours est carrément pro-Eclipse (des tutoriels sur Visual Studio commencent seulement à apparaître sur le site de cours), dans un environnement légèrement pro-Windows (il est possible de travailler sur Linux, mais la correction se fera toujours sur une VM Windows XP). Ceci dit, vous codez avec ce que vous voulez, car les rendus ne doivent être composés que des fichiers sources (il y a juste la blinde de tutoriaux, astuces, configurations utiles pour Eclipse disponible car c’est ce que le prof utilise), on ne vous demande pas de rendre un workspace Eclipse: c’est un bon point. La VM de correction est téléchargeable, ce qui permet de vérifier qu’une fois sous Windows, ça marche toujours. Des tests unitaires et une documentation sont demandés avec chaque devoir, en utilisant le framework Google Test et l’outil de documentation Doxygen.

Si vous avez du mal à suivre (sait-on jamais…), vous pouvez poser des questions au prof, et vous inscrire au Centre d’Aide à la Réussite Étudiante (CARÉ) pour vous faire aider si certains exercices sont trop corsés pour vous. En gros, le CARÉ est un centre d’aide avec des assistants deux jours par semaine de 14h à 19h, sur place ou à distance sur Internet. N’hésitez pas à les solliciter en cas de coup dur car, par contre, le prof est lent à répondre aux mails (il gère beaucoup de cours).

En plus de ça, il y a chaque semaine un laboratoire (sorte de TP) fonctionnant un peu sur le même principe qu’à Epitech: il y a un sujet, vous le faites si vous voulez, et une demi-journée dans la semaine, une salle est réservée avec des assistants pour vous aider à résoudre le labo (présence non obligatoire). Certains sont à rendre.

En résumé…

  • Avantages:
    • permet de rétro-valider la première année de C++ locale
    • la charge de travail n’est pas énorme
    • les projets demandés sont faciles pour un tek4
    • pas de livre obligatoire
  • Désavantages:
    • de manière assez surprenante, les partiels sont plutôt ardus. Le code sur papier, quand on en a jamais fait avant, c’est pas si évident que ça ! Et il y a pas mal d’algorithmes à savoir ressortir par cœur (ce que je trouve idiot, mais, moi et la « culture du par cœur », comment dire…). Savez-vous faire un Heap sort ou un Quicksort de tête ?

Modèles et langages de bases de données

Un cours assez intéressant si vous vous intéressez au SQL et bases de données en général, car il mêle pas mal théorique et pratique. Par contre, le gros point noir (de mon point de vue) de cette matière qui n’est pas spécifié dans la description du cours, c’est que tout ce que vous faites pendant la session, c’est du Oracle, du Oracle, et encore du Oracle. Les autres SGBD ne sont pas du tout abordés. C’est compréhensible (maîtriser un seul SGBD, c’est déjà un gros morceau…), mais je tiens à le souligner. Après, les mécanismes abordés sont globalement présents dans tous les SGBD (à part le PL/SQL, bien sûr).

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À ce compte-là, ils pourraient aussi bien se porter sponsors du cours !

Ça commence avec de la théorie sur l’algèbre relationnelle et les différents niveaux de normalisation d’une base de données (vous savez ce que c’est la BCNF ?). Vers fin septembre, on commence à aborder le SQL et PL/SQL (encore un truc spécifique à Oracle !). Bon, vu qu’il s’agit de leur tout premier cours de SQL pour les élèves locaux, si on en a déjà fait, on s’ennuie ferme pendant quelques cours… Pour les TP et labos, il faut se connecter au serveur Oracle de l’université, ce qui n’est pas très compliqué en soi, il faut télécharger le client sur le site de Oracle, télécharger d’autres fichiers spécifiques à Laval sur leur site, se connecter au VPN de l’université si vous n’y êtes pas et normalement, ça roule.

La charge de travail est « fréquente mais pas abusive ». Je m’explique: c’est une des seules matières (la seule parmi celles que j’ai, à vrai dire) où on doit rendre le laboratoire (sortes de travaux pratiques) de chaque semaine, mais ces derniers ne comptent chacun que pour 1% de la notation globale, et ils ne sont en général pas très longs. En revanche, les TP (sorte de gros laboratoire) sont en général des études de cas assez coriaces. Notamment quand ça parle d’algèbre relationnelle, comme on en a jamais fait à Epitech, ça peut être un peu compliqué (mais ça n’est jamais que du « SQL théorique », au final). Pour tous les TP, il faut établir un « rapport préliminaire » où on estime combien de temps nous prendra le TP, à comparer, a posteriori, avec combien de temps il nous a vraiment pris. Je trouve ça plutôt bien dans le sens où ça m’a fait prendre conscience que j’estimais vraiment comme un pied (à la fin de la session, ça allait mieux).

Durant la seconde moitié de la session, on ne fait plus du tout de SQL mais l’accent est mis pendant un moment sur Java et ses interfaces graphiques. Il y a d’ailleurs besoin du logiciel JBuilder, et d’après ce que j’ai compris, cette année est la dernière à en permettre l’installation sans l’achat de la trousse Liber-T. Il s’agit en gros d’un package de logiciels auquel vous aurez accès pour environ 50$. Le troisième et dernier TP de la session porte d’ailleurs davantage sur le fait de savoir réaliser une interface graphique avec JBuilder que de savoir maîtriser le SQL… En dehors de ça, on voit vite fait vers la fin de la session l’indexation dans une base de données, comment l’optimisation marche en interne dans une base de données, les data warehouses, OLAP et le data mining.

La session est assez inégale selon moi car ça ne parle plus vraiment de SQL en fin de session (plus de Java en fait), et, personnellement, je me suis vraiment ennuyé TRÈS TRÈS FORT en toute fin de session où les notions abordées ne sont quasiment que théoriques, sans aucun exemple ni mise en pratique (les derniers TP et laboratoires sont des exercices sur JBuilder). J’ai d’ailleurs trouvé assez dommage qu’on n’aborde pas OLAP et le data mining un peu plus que « vite fait en passant histoire de dire que ça existe » au tout dernier cours de la session, dernier cours qui note d’ailleurs le fait que peu de personnes s’y connaissent… alors qu’on ne fait qu’effleurer le sujet en classe (en gros à part savoir que ça existe, on en sait pas beaucoup plus). Coïncidence ? Je ne pense pas !

Au rayon des critiques, je dirais également que, bien que le prof ait l’air pédagogue et expert en sa matière, je ne suis ab-so-lu-ment pas d’accord sur sa façon de faire, à savoir : mettre en ligne sur le site du cours les diapos Powerpoint du cours… trouées ! Ainsi, toutes les notions importantes du cours sont remplacées par des trous, ce afin de forcer les élèves à regarder le cours. Autant je comprends la raison initiale derrière la démarche, autant je trouve ça incroyablement stupide (d’ailleurs je n’ai jamais vu ça ailleurs). Même quand on a regardé le cours et pris ses propres notes, si on veut s’assurer d’un tout petit détail… et oui, on doit se retaper toute la vidéo du cours sur Elluminate (qui n’est pas exactement la « best plate-forme ever », on va dire, du point de vue replay) ! Du coup, il m’est arrivé plus d’une fois, pour un TP ou un labo, de vérifier la syntaxe et l’utilisation d’une commande SQL sur le site d’Oracle plutôt que dans le cours. Et non, je ne trouve pas ça normal.

En résumé…

  • Avantages:
    • pas spécialement dur
    • plutôt instructif quand on en sait assez peu sur le monde du SQL et des bases de données. En en savant pas beaucoup plus qu’à Epitech, j’ai appris pas mal de choses (les techniques de normalisation, l’indexation…)
    • pas de livre obligatoire. Partout, le bouquin de Connolly et Begg est dit obligatoire, mais NON, ce n’est pas vrai. C’est pratique de pouvoir se référer au bouquin car il est parfois plus clair que le prof (alors qu’en anglais !) ou pour les exercices, mais techniquement, je n’en ai jamais vraiment eu besoin de toute la session.
    • pour moi, demander aux élèves d’estimer avec précision le temps que va leur prendre un TP est plutôt une bonne chose. J’ai fait des progrès fulgurants sur ce point pendant la session, ce qui montre bien que perso, j’en avais besoin !
  • Désavantages:
    • Parfois très théorique (en début et fin de session surtout)
    • Demande un suivi régulier (au moins un labo à faire toutes les semaines)
    • Le cours est intégralement Oracle-centré. Le TP demandant une interface graphique est à faire obligatoirement en Java avec JBuilder. Si vous n’aimez pas Oracle et/ou Java, FUYEZ PAUVRES FOUS !
    • si j’ai bien compris, c’est la dernière année où JBuilder est téléchargeable gratuitement au sein de l’université. Dès l’année prochaine, il faudra acheter le pack logiciel « Liber-T » de la fac pour l’avoir (environ 50$). Ou passer par des moyens illégaux.
    • Les powerpoint À TROUS, je n’en reviens toujours pas… C’est pas pratique pour les révisions
    • Certaines notions qu’il serait intéressant d’aborder davantage (comme OLAP ou le data mining) sont littéralement traitées par-dessus la jambe dans le tout dernier cours de la session
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Et ils pourraient finir tous les cours avec ça

 

Compilation et interprétation

Ce cours a un statut assez particulier dans le sens où c’est le seul pour lequel j’ai décidé de me désinscrire au milieu. Malheureusement, c’est un cours PUREMENT THÉORIQUE sur les mécanismes de base d’un compilateur: grammaires hors-contexte, arbres de dérivation, théorie des langages.

On voit les classiques analyse lexicale, syntaxique, sémantique et leur fonctionnement, le tout de manière très théorique, jusqu’aux grammaires LL. C’est-à-dire des notions qui ont normalement déjà été vues en Tech 1 (pour le 42sh) et tech 2 (pour le plazza), mais uniquement sur papier.

Je dis malheureusement théorique, car il aurait été justement très intéressant de mettre en pratique toutes ces connaissances dans la construction au moins d’un mini-compilateur, en utilisant des outils comme lex, yacc etc… Flex et Bison sont d’ailleurs mentionnés à un moment, mais le cours reste dans le théorique pur du début à la fin. (le professeur reconnaît lui-même ne pas avoir touché un langage de programmation depuis plusieurs années).

De plus, il semble que ce cours fasse suite à un précédent cours local d’informatique théorique (auquel nous n’avons pas accès), ce qui met la barre de notions théoriques assez haut pour les gens d’Epitech qui n’ont pas forcément ce background, ce qui peut vite devenir assez rebutant. Peu (ou pas) d’exemples d’application en dehors du cours, les seuls exercices à faire sont ceux, assez ardus, du Dragon Book (une excellente référence, cependant).

Autrement dit, si vous prévoyez d’être le concepteur du futur compilateur révolutionnaire du Z++, ça peut vous donner le bagage théorique nécessaire et vous apprendre quelques choses intéressantes, notamment au niveau théorie des langages et sur les erreurs à éviter lorsqu’on construit un langage de programmation.

Sinon, vous risquez fort de vous ennuyer ferme voire d’échouer… J’ai personnellement laissé tomber la matière après avoir eu 40 à l’exam intra (alors que, par exemple, j’avais eu 86 au premier TP…).

En résumé…

  • Avantages
    • la théorie derrière les mécanismes principaux de la compilation sont traités en long en large et en travers
    • vous saurez démontrer si une grammaire est ambigüe ou pas 🙂
  • Désavantages
    • le cours reste dans le théorique pur et n’applique jamais ! Il a donc toutes les chances de barber un élève d’Epitech au plus haut point (vous êtes prévenus…)
    • ce cours fait apparemment suite à un précédent cours d’informatique théorique de Laval. Il est possible de s’en sortir sans rien y connaître, mais c’est dur !
    • le livre est obligatoire si vous voulez faire certains des exercices proposés, ce que je recommande fortement

 

L’entreprise et sa gestion

Un cours assez « baroque » car en effet, un aspect important de ce cours, c’est que vous allez devoir jouer à un serious game de gestion d’un club de golf !

Non, un « serious » game n’implique pas forcément ce type

Je m’explique: il faut d’abord payer environ 15$ pour participer ; ensuite, les élèves du cours sont divisés en deux « équipes »: le conseil d’administration du golf (une dizaine de personnes choisies en début de session), et les actionnaires (tout le reste). La session est ensuite divisée en cinq « années » fictives, pour chacune desquelles les actionnaires doivent faire des « recommandations » au conseil d’administration sur le forum de l’année en cours, et le conseil d’administration doit prendre les décisions qui s’imposent pour la gestion du golf. Le « but du jeu » étant évidemment que notre golf soit le meilleur du marché à la fin de la session, même si ça n’a aucune influence sur la notation: bien que ce soit une activité de « groupe », chacun est noté individuellement sur la pertinence et la qualité de ses recommandations adressées au CA (quand on est un actionnaire). La première année est une année « TEST », elle vous permettra de savoir si votre méthode pour écrire votre recommandation est bonne ou pas… Il faut faire au moins trois recommandations (donc participer à au moins trois « années » de la simulation).

Déconfiture des élèves découvrant le serious game de golf

Pour écrire une recommandation, il faut respecter trois aspects : mettre la théorie en pratique (de ce qui a été vu en cours, lu dans le bouquin…), réagir à une précédente recommandation (sauf si on est la première…), et appuyer ce qu’on dit par une ressource externe (ça peut être un article de journal, une étude sociologique…).

En dehors du serious game, il y a deux autres activités notées au cours de la session (sans compter les examens): réaliser une carte conceptuelle (cette année sur le développement durable) et réaliser l’interview d’un professionnel dans un secteur qui est décidé au hasard, selon un questionnaire établi au préalable. Tout le piquant de l’interview, c’est que même si l’entrevue est individuelle, l’élaboration du questionnaire et la mise en commun des résultats se fait par groupe de dix à onze personnes (oui, onze !). Une fois que les résultats de chacun sont connus, le groupe doit créer une présentation Powerpoint et décider de passer (ou pas) en classe pour la commenter. Mais même si on ne la projette pas en classe, il faut la faire quand même.

À part ça, le cours est globalement intéressant, parle de la théorie générale de gestion des organisations en s’appuyant le plus possible sur des exemples récents (le prof conseille même comme « matériel de cours » Les Affaires, le journal de l’économie de Québec en libre-service à la faculté d’administration). Le premier examen est presque cadeau : il s’agit d’un questionnaire en ligne de 30 minutes que vous pouvez faire n’importe où (chez vous, entre potes), avec n’importe quoi (le livre, par exemple). L’examen final est plus classique et porte sur l’ensemble de la matière vue pendant la session, sans aide permise (beaucoup moins facile, d’un coup…).

Je tiens tout de même à noter qu’ici, le principal matériel de cours sera le livre : en classe, l’ambiance est bonne, le prof a beaucoup d’humour et vu qu’il lit de temps en temps le chat en ligne de la classe virtuelle, il contribue souvent à lancer de vrais débats sur des sujets d’actualité, mais il le dit lui-même, ses diapos ne font que survoler de manière très sommaire la matière à réviser, il ne faut pas se baser dessus.

En résumé…

  • Avantages
    • Alerte avis subjectif : Un prof que j’ai trouvé particulièrement bon
    • Un peu le corollaire du premier point: on ne s’ennuie pas en cours, la classe est vivante ! Le prof réagit souvent aux discussions en ligne et d’intéressants débats se mettent souvent en place
    • Je ne suis pas vraiment sûr que comme moyen d’aborder la gestion d’entreprise, un serious game de gestion de club de golf où 95% de la classe est actionnaire soit le plus pertinent. Mais, bon, comme c’est plutôt ludique…
  • Désavantages
    • le cours ne se suffit pas à lui-même : lire le livre en parallèle du cours est obligatoire (les diapos ne font que survoler les concepts importants et ne suffisent pas)
    • concernant les désavantages liés au serious game, je tiens à souligner les 15 $ de « frais de participation » au début de la session….
    • pour ceux pour qui ça constituerait un critère de choix : ce cours n’a absolument rien à voir avec le milieu de l’informatique !

 

Gestion de projets informatiques : méthodes et outils

Un cours assez bateau sur la gestion en général… Une de mes grandes déceptions concernant ce cours est que je trouve assez aberrant qu’en 2013, dans un cours sur la gestion de projets informatiques, le prof traite les méthodologies Agile (Scrum, XP…) un peu comme des phénomènes marginaux rigolos, mais qui ne méritent pas vraiment qu’on s’y attarde. Alors que j’ai essentiellement pris ce cours pour comprendre, avec des infos de première main, en quoi consistent les méthodes Agile, en quoi ça diffère de méthodes plus « traditionnelles », comment on gère un projet en mode Agile… autant dire que je suis tombé de haut !

L’Agile n’est traité à aucun moment de ce cours (juste une diapo dans un cours pour expliquer que c’est une bien étrange façon de manager un projet…). Par contre, on voit grosso modo comment faire un WBS, évaluer et répondre aux risques positifs et négatifs qui se présentent à un projet (si vous avez déjà eu à faire un diagramme SWOT pour votre EIP, vous savez déjà tout), la technique de la valeur acquise, comment rédiger les documents d’un projet (charte du projet, énoncé du contenu du projet).

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Agile ? Pourquoi faire ?!

Les cours durent trois heures: une heure et demie de présentation théorique, et une heure et demie de mise en pratique sur un cas concret. Plutôt un bon modèle, après les études de cas ne sont pas forcément toujours très passionnantes…. Et plus d’une fois, durant la première partie, j’ai bien failli m’endormir (le prof a une voix assez monotone et n’est pas très dynamique). Aussi, les études de cas se rapportent en général à la gestion de projets de grande envergure, en grande entreprise: ne vous attendez pas à un livre de recettes sur comment gérer votre startup…

En résumé…

  • Avantages:
    • la structure des cours « 1h30 de présentation et 1h30 d’étude de cas » a l’avantage d’éviter un long cours magistral de trois heures
    • on fait pas mal le tour de la gestion de projet « traditionnelle », c’est déjà ça
    • le livre suggéré n’est pas obligatoire. Le prof part du principe qu’on l’a lu, mais on peut s’en sortir sans
  • Désavantages:
    • le prof n’est pas très passionnant… Avec une plage horaire en fin de journée (18h30-21h30), j’ai parfois eu du mal à rester éveillé
    • c’est vraiment extrêmement dommage de ne pas parler du tout, pas même juste au dernier cours, des méthodes Agile !

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Autres

J’ai eu quelques échos sur d’autres cours que je n’ai pas pris :

  • Interface homme-machine: une matière à la réputation sulfureuse car elle aurait dégoûté à peu près tous les élèves d’Epitech l’ayant prise à ce jour. Apparemment, le prof sait que son cours n’est peut-être pas adapté à des élèves d’Epitech, s’en fiche et ne veut rien changer. Et pendant ce temps, cela reste un cours qu’on nous propose de prendre. En tout cas, quand même la direction de programme locale vous déconseille de prendre ce cours, c’est qu’il y a un problème. Après, je n’ai pas eu de retours cette année, peut-être que ça a changé…
  • Programmation de jeux vidéo: une matière au nom assez trompeur car ici on ne vous demandera pas vraiment de programmer un jeu vidéo. C’est davantage un cours pour étudier la démarche de la programmation d’un jeu vidéo, les images de synthèse, les game mechanics, en quoi ça consiste… Pas vraiment de code donc. Par exemple le premier TP de la matière consiste à trouver une game mechanic d’un jeu connu (comme par exemple la génération des hordes dans Left 4 Dead ou le système de gain d’expérience dans Diablo III ), l’expliquer, et en proposer une variation qui marcherait. Et le TP 2 consiste à créer un petit jeu vidéo servant à montrer une game mechanic innovante de votre choix (plus un « proof of concept » qu’un « vrai » jeu vidéo, donc). À éviter donc si vous aimeriez plutôt coder un jeu vidéo. Ceci dit, les retours sont plutôt positifs, et on m’a aussi signalé que les exams sont simples (le prof donne quasiment les questions qu’il va poser).
  • Un lien sur ces deux matières : le bilan de la session d’automne de Loïc, un autre étudiant venu l’an dernier.

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Voilà, c’est fini pour cet article un peu « bilan » sur le contenu de ma première session.

Je n’écris pas beaucoup en ce moment car je profite des vacances. On a pourtant encore pas mal d’articles dans les tiroirs, mais bon, ça prendra le temps qu’il faut

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