Cette année, j’ai participé pour la première fois au prix René.e Barjavel.le, le concours de nouvelles du festival de la science-fiction de Lyon, Les Intergalactiques, qui a lieu tous les ans.
J’ai été agréablement surpris d’apprendre que j’ai failli gagner : en effet, j’ai été mentionné pendant la remise des prix pour ma nouvelle « Heart.BiTS » 🙂 Et pour moi, finir « deuxième », en quelque sorte, avec un seul texte à mon actif, face à d’autres concurrents ayant déjà publié romans et recueils, plutôt pas mal. Pour information, la gagnante est Céline Maltère pour sa nouvelle « La Coupole ». Je vous laisse chercher son parcours si ça vous intéresse.
Comme le texte a été écrit en partie pour répondre au thème du concours (« Lettre ouverte aux vivant.e.s qui souhaitent le rester »), difficile de le réutiliser tel quel, je me demandais un peu quoi en faire… Mais comme certaines personnes souhaitent le lire, j’ai décidé de l’ « auto-publier » sur mon blog.
Pour ceux qui ne s’embarrassent pas des détails, vous trouverez le texte tel que je l’ai envoyé au jury sur ce fichier PDF : cliquez ici. Le seul ajout que j’y ai apporté est mon nom.
Pour les autres, je continue de radoter un peu plus bas.
J’ai écrit la grande majorité de ce petit texte (six pages et demi, à peine) en une seule nuit. Il a cependant demandé pas mal de modifications parce que j’ai décidé, après avoir fini d’écrire la première version, que le texte devait décrire une situation qui pourrait arriver à n’importe qui.
Et par conséquent, j’ai décidé que le narrateur ne serait pas genré, n’aurait pas de nom, qu’il n’y aurait aucune indication du lieu de l’action… Pour ceux qui l’auraient remarqué et qui se poseraient la question : non, ce n’est pas une coïncidence, oui, c’était fait exprès. Cela a demandé pas mal de réécriture, à cause des ajouts, suppressions, modifications requis(es) pour atteindre cet objectif. (Mais en ce qui concerne la localisation, si vous voulez tout savoir, les bombardements en Syrie, entre autres, ont inspiré cette nouvelle.)
J’ai été un peu surpris de voir que tout le monde n’avait pas forcément bien compris le titre. « Heart bits » est un double jeu de mots en anglais sur « heart beats », « battements de cœur » en français, les « bits », l’unité fondamentale en informatique, mais aussi un autre sens que l’on peut donner au mot « bits » en anglais, « morceaux », ce qui pourrait alors se traduire par « morceaux de cœur » ou « cœur en morceaux ».
Par ailleurs, prière d’être indulgents : ce texte n’a été relu par aucune personne tierce… 🙂 Bien sûr, j’y ai identifié quelques maladresses, des tournures bizarres, un choix des termes pas toujours très élégant… L’unique forme de relecture dont il a bénéficié a été la méthode du gueuloir ou « méthode Flaubert » : je l’ai lu à haute voix seul chez moi pour trouver les fautes de style et les répétitions. Si je m’y étais pris à temps pour le faire relire par quelqu’un, il aurait sans doute pu être amélioré !
A la réflexion ça ne m’étonne pas beaucoup de ne pas avoir été choisi car, au moment de l’écrire, j’avais totalement oublié que la nouvelle choisie serait publiée chez ActuSF. Or, je doute que le ton que j’ai adopté sur cette histoire, très sombre et assez désespéré, corresponde à ce que ActuSF cherche à publier…
Aussi, si on cherche un côté comique à ce texte, je vous propose de lire les passages du représentant de commerce avec la voix d’Emmanuel Macron. Ça a totalement changé le ton du texte pour moi, je n’y avais pas pensé en l’écrivant, mais il serait tellement parfait dans ce rôle !
Je conclurai à propos de ce texte par une citation d’Alain Damasio qui m’a vraiment marqué, tant les mots choisis correspondent exactement à ce qu’on peut ressentir en écrivant un texte comme celui-ci (pour lui, c’était lorsqu’il écrivait La Horde du Contrevent…) :
[Faut] qu’tu t’battes, et que tu tu tu, tu fasses aucune concession sur le reste, tu oublies tout quoi, t’es pas consultant, t’es rien, le consulting c’est d’la merde quoi.
La seule chose qui a d’la valeur c’est, c’est quand t’es capable de faire un chapitre comme celui-là quoi. Ça ça restera, ça ça mérite que tu vives quoi, tu peux vivre pour écrire ça ouais. Ça ça mérite que tu vives quoi tu vois. Là t’es pas né pour rien, t’es nécessaire quoi. T’es pas surnuméraire, comme dirait Sartre, t’es pas superflu quoi… là t’as une nécessité quand t’écris ça quoi. T’as une nécessité d’être quoi.
Et c’est ça qui faut t’nir mec, c’est ça qui faut putain d’tenir quoi, lâches pas l’morceau, t’fais pas enculer, t’fais pas disperser, t’fais pas fragmenter, fais pas de concession quoi. Y’a pas d’concession avec la vie quoi, y’a pas d’concession quoi. Tu vis, autant vivre à fond !
Putain de merde quoi, c’est quand même extraordinaire ! »